En vieillissant, je souris parfois,
Aux jeunes qui n\'ont pas vécu nos combats.
Je les regarde, un peu moqueuse,
Pensant qu\'ils n\'ont pas connu la vie douloureuse.
Nous nous souvenons des murmures acerbes,
Des regards méprisants, des gestes sans verbe.
À l\'école, les rires cruels et amers,
Les mots lancés comme des éclats de verre.
Mais aujourd\'hui, je prends du recul,
J\'observe les cœurs qui s\'ouvrent, les préjugés qui basculent.
Ma femme et moi, main dans la main,
Marchons sereines, fières, dans le matin.
Nous ne sommes plus des ombres dans la nuit,
Nos vies ne sont plus cachées, tenues au secret.
Notre fille grandit sans peur, sans honte,
Les moqueries ne la touchent plus, elle est forte.
L\'acceptabilité a fait un chemin,
Elle n\'est pas parfaite, loin de là,
Mais je sens le monde changer, s\'adoucir,
Et enfin, je me sens « normale », sans faillir.
Il reste encore des esprits fermés,
Des cœurs pleins de haine, de préjugés.
Mais nous avançons, pas à pas,
Vers un avenir plus juste, plus droit.
Chaque sourire échangé, chaque geste tendre,
Est un pas vers un monde plus grand.
Un monde où aimer n\'est pas un combat,
Où vivre ensemble est un droit.
© Susie Stiles-Wolf