Il était une fois un singe malin,
connu pour ses tours,
pour ses rires qui masquaient les mensonges
et ses arrosoirs plaqués or,
beaux mais vides.
Il les vendait aux rêveurs pressés,
ceux qui confondaient le brillant avec le vrai.
Je repense à lui parfois,
quand je suis au jardin avec Kelli,
notre vieux arrosoir cabossé entre les mains.
Il ne brille pas.
Il fuit un peu.
Mais il nourrit les racines.
Nous l’avons trouvé il y a des années,
dans un marché poussiéreux,
bien avant que les rides n’arrivent,
bien avant que l’amour ne se tienne
aussi calmement qu’il le fait aujourd’hui.
Nous avons connu le clinquant :
les soirées trop parfaites,
les photos filtrées,
les choses qu’on pensait devoir montrer
pour prouver qu’on était heureuses.
Mais l’arrosoir doré n’a jamais porté de fruits.
Il était trop creux pour l’effort,
trop froid pour les saisons humides,
trop fragile pour l’usage quotidien.
Le singe était malin, oui.
Mais a-t-il jamais vu éclore une fleur ?
A-t-il attendu patiemment le retour du printemps ?
A-t-il su, un jour, ce que c’est
que d’aimer sans paraître ?
© Susie Stiles-Wolf