Ballade de la forêt endormie
Minuit s’étend sur la mousse et la pierre,
La chouette glisse au creux du vieux chemin,
Le vent s’endort dans la brume légère
Et l’arbre écoute au loin passer le daim.
Sous l’humble ciel, je marche, pèlerin,
Un peu d’argile au bord d’une grande sève,
Loin des maisons, des chaînes et du matin.
Je cherche en paix le doux pays du rêve.
La source chante une note éphémère,
Un crapaud veille, immobile gardien,
Les ronces d’or dessinent une lisière
Et l’ombre danse au front du ravitain.
La lune ouvre un sentier doux et païen
Parmi les chênes que la rosée soulève ;
La nuit respire, et je sens sous mes mains
Je cherche en paix le doux pays du rêve.
Un renard passe, à pas doux, sans colère,
Sa trace luit sur l’humus ancien.
Même le roc paraît bercer la terre,
Même le temps devient presque rien.
Je suis vivant, sans fardeau ni dessein,
Et tout s’unit, s’embrasse et se relève.
Loin du tumulte et du sommeil humain,
Je cherche en paix le doux pays du rêve.
Forêt d’argent, sainte sœur du lointain,
Accueille-moi sous ta voûte sans grève
Car même éveillé, dans ton doux jardin,
Je cherche en paix le doux pays du rêve.